Le témoignage d'Anne-Marie

Anne-Marie a 64 ans et est à la retraite. Lorsqu’elle apprend, en juillet 2018, qu’elle est atteinte d’un cancer du sein métastatique, elle ne veut pas y croire. Après de la chimiothérapie et une mastectomie, elle suit désormais un traitement à vie car son cancer est chronique. Anne-Marie a aujourd’hui accepté sa maladie et souhaite vivre avec, en savourant d’autant plus ce que lui offre la vie.


Anne-Marie, diagnostiquée en 2018

 

Le diagnostic d'Anne-Marie

Les premiers symptômes n’avaient rien à voir avec le cancer du sein puisque j’avais eu très mal au colon descendant. Les douleurs étaient si terribles que je ne pouvais même pas marcher. J’avais également mal au niveau du plexus solaire. Des signaux qui n’étaient donc pas liés à première vue avec ma maladie puisqu’en fait j’avais un cancer du sein métastasé surtout au niveau du foie.

J’ai eu plusieurs examens mais, malgré les résultats qui tombaient, je n’ai pas réalisé tout de suite ce que j’avais. Peut-être que je n’acceptais pas. Au début je n’ai pas compris ce que ça voulait dire « métastatique ».

La relation avec la famille et les amis

Cela a été très dur pour ma fille et sa famille, pour mon ex-compagnon avec qui j’étais encore à l’époque et pour mes ami(e)s. Mes proches m’ont été d’un grand soutien. Ma fille m’a hébergée pendant plus d’un mois, elle m’a soutenue, elle m’a aidée ainsi que mon gendre. Mes ami(e)s ont été formidables, ils m’ont accompagnée à chaque fois que je faisais des chimiothérapies.

Ma petite-fille compte énormément à mes yeux. J’ai très mal vécu le fait de ne pas pouvoir m’occuper d’elle quand j’étais très malade. Ce qui est formidable, c’est qu’aujourd’hui je peux de nouveau la garder les mercredis et passer du temps avec elle. Tout est redevenu comme avant et cela me rend très heureuse.

L’hygiène de vie

Au niveau du régime alimentaire, j’ai finalement bénéficié de très peu de conseils donc j’essaie de m’astreindre à bien manger. De toute façon, c’était déjà un peu le cas avant la maladie. Dans la mesure du possible, je mange plutôt bio. Et je me suis rendue compte avec la maladie que je ne peux pas manger très gras car sinon cela me rend malade.

Auparavant, en ce qui concerne le sport, je faisais beaucoup d’aquagym et d’aquabike. Mais depuis que je suis tombée malade, j’ai changé mes habitudes. J’ai eu des renseignements sur la possibilité de faire du sport adapté, de la sophrologie dans le cadre du cancer. Je m’y suis donc mise et ces activités adaptées sont devenues très importantes pour moi.

La gestion de la maladie

Quand j’ai réalisé ce que j’avais, je suis allée dans un hôpital spécialisé pour le cancer. J’ai été prise en charge par un médecin très compétent. J’ai commencé par faire une chimiothérapie néo-adjuvante, avec des anticorps. Au bout de quatre mois, ça a marché donc je n’ai pas eu besoin de prolonger plus longtemps. Mais comme les métastases n’avaient pas assez diminué, notamment là où j’en avais, c’est-à-dire au foie, j’ai subi une mastectomie en avril 2019. Malheureusement, il faudrait environ six opérations pour faire une reconstruction donc je ne préfère pas les faire car c’est beaucoup trop… C’est quelque chose de très difficile à accepter.Désormais, depuis le 31 décembre 2018, j’ai un traitement toutes les trois semaines.Et comme c’est une maladie chronique, c’est un traitement à vie. Mais l’avantagec’est que je n’ai plus de chimiothérapie, j’ai simplement les anticorps qu’on m’injectedans un Port-a-Cath.

Ce qui me fait souffrir aujourd’hui, c’est un lymphœdème au bras gauche. C’est quelque chose de très rare pour une femme qui a un cancer du sein. Maintenant, je me dis que j’ai beaucoup de chance. Disons qu’il y a un traitement qui permet de vivre et qui permet de vivre à peu près normalement. Certes, je suis davantage fatiguée qu’avant la maladie et j’ai des effets secondaires mais ce n’est rien par rapport à ce que j’avais au début de la maladie. J’arrive donc globalementà vivre normalement et le cancer a finalement décuplé mon envie de vivre. Il y a plein de choses que j’ai envie de faire. Par ailleurs, je vois une psychologue via l’hôpital et elle me permet d’avancer et de positiver.

La situation financière et professionnelle

Je suis à la retraite donc je n’ai pas été impactée financièrement. Et comme je suis en AFD (Affection de Longue durée), je suis bien prise en charge. Tout est remboursé et je sais que c’est une très bonne chose.

L’engagement

Je suis dans « Mon réseau cancer du sein ». Pour moi c’est important de témoigner pour donner de l’espoir aux femmes qui vivent un cancer et je sais que c’est extrêmement difficile.

Les projets professionnels

Je n’ai pas de projets professionnels car je suis retraitée mais j’ai envie de faire plein de choses. J’adore les voyages et découvrir. Donc je poursuis cela malgré la maladie. Je pratique par ailleurs beaucoup d’activités dans ma ville, je sors, je vois ma famille et mes ami(e)s.

Pilates et sophrologie

Je fais maintenant des séances de Pilates adaptés. Ça a un très bon effet sur mon moral, ça me rend euphorique même si ça ne dure pas très longtemps. J’essaie d’y aller deux fois par semaine. Je fais également de la sophrologie. C’est bénéfique physiquement et mentalement. En faisant des séances régulièrement, cela me permet de lutter contre la déprime.

Un message, un conseil ?

La médecine fait énormément de progrès ! Il faut donc y croire et espérer. Par ailleurs, il faut voir le bon côté des choses et positiver. A titre d’exemple, personnellement, j’appréhende beaucoup moins la maladie qu’au début, où j’avais très peur et où j’étais comme anesthésiée. Aujourd’hui je me rends compte que je peux vivre avec et que je peux vivre avec longtemps, en étant suivie régulièrement. Et pour moi c’est un espoir de continuer à vivre.